Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/216

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vaux pour la chasse du renard. Quant au Loup, à moins qu’il ne soit blessé, ou ne puisse, par quelque autre cause, user de tous ses moyens, comme il est plus puissant et qu’il a peut-être plus d’haleine que le renard, on le poursuit rarement, à chasse ouverte, avec une meute ou d’autres chiens. Cependant, à raison des grands dégâts qu’il commet, et parce qu’il est très nuisible au fermier, tous les moyens ont été mis en œuvre pour exterminer sa race. On a peu d’exemples, dans notre pays, de cas où il se soit attaqué à l’homme ; pour ma part, je ne connais qu’un seul fait de ce genre et le voici :

Deux nègres, d’environ vingt-trois ans, demeurant sur les bords de l’Ohio, dans les parties basses du Kentucky, avaient leurs belles sur une plantation, à dix milles de là. Souvent, après que le travail du jour était terminé, ils allaient leur rendre visite, et le chemin le plus court pour les conduire auprès d’elles passait directement au travers d’un grand champ de cannes. Aux yeux d’un amant, chaque minute est précieuse, et c’était cette route que d’habitude ils prenaient pour perdre moins de temps. L’hiver avait commencé froid, sombre, menaçant ; et après le coucher du soleil, à peine dans tout l’affreux marais restait-il un rayon de lumière ou un souffle de chaleur, si ce n’est dans les yeux et le cœur des ardents jeunes gens, ou des loups voraces qui rôdaient aux environs. La neige couvrait la terre et rendait leurs traces plus aisées à suivre de loin pour les bêtes affamées. Prudents jusqu’à un certain point, nos amoureux avaient la hache sur l’épaule et marchaient aussi vite que le