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Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/217

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permettait l’étroit sentier. Il leur semblait bien, de temps en temps, voir briller quelque chose devant eux, mais ils étaient assez simples pour croire que c’était l’effet des petites branches couvertes de neige qui venaient leur fouetter le visage. Tout à coup, un long et redoutable hurlement éclate presque sur eux, et ils reconnaissent de suite qu’ils ont affaire à une bande de loups que la faim rend furieux et peut-être désespérés. Ils s’arrêtent et se mettent en défense, attendant le résultat. Tout était sombre autour d’eux, sauf la neige épaisse de plusieurs pieds ; et le silence de la nuit remplissait leur âme d’effroi. Que faire ? quel parti prendre ? Après être restés quelque temps immobiles et prêts à repousser l’attaque, ils se décident à continuer leur route ; mais à peine ont-ils remis leur hache à l’épaule et fait un pas, que le premier se voit assailli par plusieurs ennemis. Ses jambes se trouvent prises comme dans un étau, et il sent de tous côtés des coups de griffe et de dent qui le torturent. En même temps, d’autres loups sautent à la gorge de son compagnon et le jettent à bas. Tous les deux ils combattirent bravement ; mais bientôt l’un ne donna plus signe de vie, et l’autre, à bout de forces, désespérant de se maintenir seul, et plus encore de porter secours à son camarade, s’accrocha à une branche et grimpa, comme il put, sur la cime d’un arbre où il se trouva enfin en sûreté. Au matin, il vit les restes de son malheureux ami rongés et dispersés sur la neige qui était toute tachée de sang ; autour gisaient les cadavres de trois loups ; les autres avaient disparu. Scipion alors se laissant glisser par