Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/220

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après s’être armé de sa hache et de son couteau, tandis que je gardais la carabine. C’était pitié de voir la couardise des loups. Il leur tira, l’une après l’autre, les jambes de derrière, et d’un coup de son couteau, leur trancha le principal tendon au-dessus du joint. Il y allait d’un air aussi tranquille que s’il se fût agi de marquer des agneaux.

Ah ! s’écria-t-il, quand il fut remonté, nous avons oublié la corde ; je cours la chercher ! Et il partit vif et léger, comme un jeune homme. Bientôt il était de retour, essoufflé, tout en nage, et s’essuyant le front du revers de sa main. À présent, en besogne. — Moi, je dus relever et maintenir la plate-forme, pendant que lui, avec la dextérité d’un Indien, jetait la corde et passait un nœud coulant au cou de l’un des loups. Nous le hissâmes en haut, complétement immobile, comme mort de peur, ses jambes, désormais sans mouvement et sans vie, ballottant çà et là contre les parois du trou, sa gueule toute grande ouverte, et indiquant, par le seul râle de sa gorge, qu’il respirait encore. Une fois qu’il fut étendu sur le sol, le fermier défit la corde au moyen d’un bâton, et l’abandonna aux chiens, qui tous se ruèrent dessus et l’étranglèrent. Le second fut traité sans plus de cérémonie ; mais le troisième, le plus noir et qui sans doute était le plus vieux, montra moins de stupidité, du moment qu’on l’eut détaché et qu’il se vit à la merci des chiens. C’était une femelle, comme nous le reconnûmes après, et quoique n’ayant l’usage que de ses jambes de devant, elle s’en servit pour fuir et batailler avec un courage que nous ne pouvions nous empê-