Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/228

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et semblent être dans leur plumage complet. Au bout de quelques jours, qu’ils emploient à se reposer sur les rivages faisant face au sud, la plupart gagnent les îles qui bordent la côte ; les autres cherchent où établir leurs nids, soit dans les crevasses des rochers, soit sur la lisière des bois de pins rabougris, sans qu’aucun s’avance à plus d’un mille dans l’intérieur. Comme je l’ai dit, ils ne vont alors que par couples, et commencent bientôt à bâtir. Quant aux préliminaires de leurs amours, je n’ai pu, ni par moi-même, ni par autrui, en savoir rien de bien particulier.

Au Labrador, c’est vers la dernière semaine de mai qu’ils commencent à travailler à leurs nids. Quelques-uns sont construits sur des îles, à côté de maigres touffes d’herbe ; d’autres, sous les basses branches des pins, et là on en trouve cinq, six, et quelquefois huit ensemble, sous le même buisson. Beaucoup sont placés sur la pente des rochers qui se projettent à quelques pieds au-dessus de la marque des hautes eaux ; mais jamais personne de ma société, y compris les matelots, n’en a vu à une grande élévation. Enfoncés en terre autant que possible, ils se composent d’herbes marines, de mousses et de brindilles sèches croisées et entrelacées avec assez de soin, pour donner un air de propreté à la cavité centrale, qui n’excède guère cinq pouces en diamètre. La ponte commence aux premiers jours de juin, et tant qu’elle dure, le mâle ne quitte pas sa femelle. Les œufs, déposés sur la mousse et les herbes, sans aucun duvet, sont généralement au nombre de cinq à sept, et beaucoup plus gros que ceux du canard do-