Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/234

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pas de nid, subissent ce changement de plumage en même temps qu’eux. Cela peut sembler étrange, mais c’est un fait dont, au Labrador, j’ai pu parfaitement m’assurer.

Quelques auteurs ont avancé que les mâles veillent auprès des femelles. Cela peut être, dans des pays comme le Groënland et l’Islande où les Eiders ont été réduits à un état de demi-domesticité ; mais tel n’est certainement pas le cas pour le Labrador. Jamais nous n’y avons vu un seul mâle rester auprès des femelles, après que l’incubation avait commencé ; sauf, par hasard, comme nous venons de le dire, lorsque celles-ci avaient été privées de leurs œufs. Toujours les mâles se tiennent au loin, en grandes troupes, quelquefois de plus de cent individus, se retirant à la mer, sur de larges bancs, par neuf ou dix brasses d’eau, et, quand vient la nuit, gagnant les îles couvertes de rochers. Nous nous étonnions beaucoup de ne pouvoir découvrir, au milieu de leurs longues lignes, un seul oiseau qui ne fût dans son plumage d’adulte. Les jeunes mâles, s’ils s’accouplent avant d’avoir revêtu leur dernière livrée, se tiennent entre eux pendant cette même période, ou bien avec les femelles stériles qui, comme nous l’avons observé, sont séparées de celles qu’occupent les soins de l’incubation ou de la maternité. Je suis porté à croire que les vieux mâles commencent leurs migrations vers le sud plus tôt que les femelles et les jeunes ; du moins, une quinzaine avant le départ de ces derniers, on n’en voyait plus aucun. En hiver, au moment où on les trouve aux États-Unis, sur les côtes