Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/233

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

avaient leur famille autour d’eux, ils nous laissaient venir à portée de tirer ; et alors, feignant d’être fatigués ou malades, ils semblaient faire effort pour s’envoler, battant l’eau de leurs ailes à demi ouvertes, tandis que les petits plongeaient ou couraient à la surface avec une agilité merveilleuse, puis, au bout de cinquante ou soixante mètres, s’enfonçaient tout à coup sous l’eau, pour ne reparaître qu’une minute et par intervalles. Dès l’instant que la couvée était dispersée, la mère prenait son essor ; et là se terminait notre chasse. Le cri de la femelle est un croak, croak dur et prolongé. Je n’ai jamais entendu celui du mâle.

Quand on lui a dérobé ses œufs, la femelle cherche immédiatement un mâle, lequel tant que je puis croire, est moins souvent un nouveau que l’ancien ; cependant je n’ai pu vérifier le fait. Quoi qu’il en soit, elle ne tarde pas à en trouver un ; et on les voit, le même jour, revenir ensemble au nid. Ils nagent, volent et se promènent côte à côte ; et dix ou douze jours ne se sont pas écoulés, que le mâle prend son congé et se renvole à la mer, vers ses compagnons, tandis que la femelle reste à couver sur sa nouvelle ponte qui se compose rarement de plus de quatre œufs, encore faut-il que la saison soit peu avancée ; car j’ai remarqué qu’aussitôt que les mâles étaient entrés dans leur mue, les femelles dont le nid avait été pillé, abandonnaient la place. Une des particularités les plus remarquables de l’histoire de ces oiseaux, c’est que les femelles ayant des petits ne commencent à muer que trois grandes semaines après les mâles, au lieu que celles qui n’ont