Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/236

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sent bientôt par suite des efforts qu’ils font pour plonger, et un bateau bien manœuvré peut les gagner de vitesse en une demi-heure. Il en est de même quand ils commencent à se fatiguer, car alors ils nagent presque à fleur d’eau, et on les tue facilement d’un coup de perche ou d’aviron.

Leur nourriture consiste principalement en mollusques et crustacés dont il semble qu’ils aient la faculté de broyer les coquilles. Dans plusieurs individus que j’ouvris, je trouvai les intestins presque entièrement remplis de petits fragments de ces coquilles mélangés avec d’autres matières. Il y avait, en outre, dans leur estomac, des œufs de crustacés et de divers poissons, parfois même des cailloux gros comme une noisette. Leur œsophage, qui est en forme de sac et a la consistance du cuir, était souvent distendu par les aliments, et d’ordinaire émettait une désagréable odeur de poisson. Le gésier est très large et musculeux. La trachée du jeune mâle, aussi longtemps qu’il n’a pas toutes ses plumes, ou pendant les douze premiers mois, ne ressemble pas à celle des vieux ; et en général l’oiseau n’apparaît dans son plumage complet qu’au quatrième hiver. D’abord, il ressemble à la mère, puis devient moucheté et couleur pie ; mais ce changement ne s’opère que par degrés, et jamais en moins de deux ans.

Il faut une bonne charge pour tuer un Eider, et l’on en vient à bout plus facilement pendant que l’oiseau est en l’air, que lorsqu’il nage. Sur le rivage, il vous voit venir de très loin, et s’envole avant que vous soyez à sa portée. Parfois vous pourrez le surprendre,