Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/238

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
UNE RUDE PROMENADE

POUR DE JEUNES JAMBES.


Il y a de cela douze ans, je naviguais avec mon fils Victor, du Bayou-Sarah jusqu’à l’embouchure de l’Ohio, à bord du steamer Magnet, commandé par M. M’knight auquel je suis heureux d’offrir de nouveau tous mes remercîments pour ses attentions et ses bons soins. La vue seule de la belle rivière me remplissait de joie ; mais en arrivant au petit village de Trinité, il nous fallut prendre terre, avec plusieurs autres passagers, les eaux devenant trop basses pour permettre au bateau de poursuivre jusqu’à Louisville. On ne pouvait pas se procurer de chevaux ; et comme je désirais continuer ma route sans délai, je pris le parti de remettre mes effets à la garde de l’hôtelier, qui s’engagea à me les faire parvenir par la première occasion. Mon fils, à cette époque, n’avait pas encore quatorze ans ; mais, avec toute l’ardeur de la jeunesse, il se vantait de pouvoir accomplir, de son pied, le long voyage que nous avions en perspective. Deux des passagers manifestèrent le désir de nous accompagner, pourvu, dit le plus grand, et en apparence le plus robuste, pourvu que le petit puisse supporter la fatigue. Mes affaires, ajouta-t-il, sont urgentes, et il me faudra pousser rapidement jusqu’à Francfort. Après le dîner,