Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/24

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ment en alerte, et s’envolent longtemps avant qu’on arrive à portée de les tirer, comme si elles savaient combien leur trace est plus aisée à suivre sur la blanche et perfide surface.

Elles aiment à retourner aux lieux de repos qu’elles ont une fois choisis, et y reviennent sans cesse, tant qu’on ne les y tourmente pas trop. Chez nous, là où on ne les trouble pas, elles vont rarement plus loin que les bancs de sable voisins des côtes et les rivages secs des lieux où elles trouvent leur nourriture. Dans d’autres pays, elles cherchent, à plusieurs milles, des retraites mieux appropriées, et dont l’étendue leur permette de découvrir le danger longtemps avant qu’il puisse les atteindre. Lorsqu’il s’en rencontre une de ce genre et qu’elles l’ont reconnue bien sûre, de nombreuses troupes s’y rassemblent, mais toujours par groupes séparés. C’est ainsi que, sur quelques-uns des immenses bancs de sable de l’Ohio, du Mississipi et autres grands fleuves, on voit parfois, vers le soir, ces oiseaux réunis par milliers pour passer la nuit, et reposant en petites bandes qui se tiennent à quelques pieds l’une de l’autre, chacune avec ses sentinelles particulières. Dès l’aube, toutes sont sur pied ; elles arrangent leur plumage, font leur toilette, vont boire à l’eau voisine, et repartent alors pour les lieux où elles ont coutume de pâturer.

Lors de ma première visite aux chutes de l’Ohio, sur les pentes rocailleuses et dénudées de ses rivages, j’en trouvai des multitudes qui s’y réfugiaient ordinairement pour la nuit. Les nombreux et larges canaux