Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/262

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nerre à travers les bois ; et enfin ils s’envolaient d’un air de triomphe, laissant les loups tout mortifiés et contraints d’imaginer d’autres ruses, pour satisfaire les pressants besoins de leur appétit.

Les nuits étaient extrêmement froides, aussi faisions-nous continuellement un bon feu, pour lequel le bois ne nous manquait pas : frênes et noyers tombèrent sous notre hache, et nous les débitâmes en bûches d’une grosseur convenable, pour les rouler en un gros tas au sommet duquel, à l’aide de menues broussailles, le feu fut allumé. Nous pouvions être une quinzaine, les uns chasseurs, ceux-ci trappeurs, mais tous plus ou moins habitués à la vie des bois ; et lorsqu’au soir nous étions revenus de nos diverses expéditions, et rangés autour de ce brasier flamboyant qui illuminait la forêt, je vous assure que, pour un pinceau hardi, nous offrions le sujet d’un tableau à grand effet. Sur un espace de trente mètres ou plus, la neige avait été refoulée et empilée de façon à former un mur circulaire qui nous défendait de la bise. Autour de nous notre batterie de cuisine se déployait avec un certain appareil, et huit jours ne s’étaient pas écoulés que venaison de toute sorte, dindons et ratons, pendaient aux branches à profusion. Du poisson aussi, et d’une excellente qualité, figurait avec honneur sur notre table ; nous nous l’étions procuré en faisant des trous à la glace des lacs. De plus, ayant remarqué qu’à la nuit les opossums sortaient de leurs retraites sur les bords de la rivière, pour y rentrer au matin, nous apprîmes ainsi à connaître leurs passages et à leur tendre des piéges où plus d’un se prit.