Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/27

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dans l’eau, d’où sortait seulement la pointe du bec, et ramant vigoureusement des deux pieds, pour marcher de conserve avec nous. Le marin essaya de la prendre ; mais, avec la rapidité de la pensée, elle passait d’un côté à l’autre, à l’avant, à l’arrière, et jamais il ne put mettre la main dessus. Enfin, charmé de trouver tant d’esprit dans une Oie, je demandai la grâce de la pauvre bête, et nous la laissâmes s’en aller en paix.

Le croisement de l’Oie du Canada avec l’Oie domestique réussit aussi bien que celui du dindon sauvage avec le dindon privé. La race métisse qui en provient est plus grosse, plus facile à élever, et il faut moins de temps pour l’engraisser. C’est maintenant un procédé en grande faveur dans nos États de l’est et de l’ouest ; et communément, hiver comme automne, on offre de ces hybrides sur le marché, où ils se vendent plus cher qu’aucun individu de la race primitive.

C’est du milieu de septembre à celui d’octobre que les Oies du Canada font leur première apparition dans l’ouest et le long des côtes de l’Atlantique, où elles arrivent par troupes composées de quelques familles seulement. Un chasseur habile, et qui d’abord a eu soin de tuer les vieux, est presque sûr d’avoir ensuite les jeunes, moins rusés, et dont l’habitude est de revenir manger aux lieux que les parents leur avaient d’abord indiqués. On n’a qu’à les attendre aux étangs connus, et généralement on fait bonne chasse. Pour moi, cette sorte d’affût n’a jamais été bien de mon goût : dès que paraissait un autre oiseau dont j’avais envie, je me