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Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/281

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l’eau. — Ces oiseaux volent avec une aisance et une agilité remarquables ; ils peuvent monter contre le vent, en affrontant la violence de l’ouragan, et reposent très tranquillement sur la mer au milieu de son agitation la plus furieuse. Cependant on a remarqué que, pendant les grands coups de vent, ils se tiennent extrêmement bas et ne font, pour ainsi dire, qu’écumer la surface des vagues. Par terre, ils marchent péniblement, d’un air gauche, et les jambes tellement ployées, que les pieds touchent presque le ventre. Sur la glace, ils se reposent le corps à plat, et la poitrine tournée au vent. De même que le canard, ils ramènent parfois leur tête en arrière et se cachent le bec sous l’aile.

» Ils sont extrêmement avides de gras de baleine : parfois, au moment d’en harponner une, vous n’en apercevez encore que quelques-uns ; mais dès que le dépècement commence, ils se précipitent de tous côtés et se trouvent souvent réunis par milliers. Ils se pressent dans le sillage du vaisseau que marque une trace de graisse ; et comme leur voracité ne connaît pas la crainte, ils approchent à quelques mètres des hommes occupés à mettre le monstre en pièces, et même, si le flot ne leur apporte pas la pâture en quantité suffisante, ils se hasardent si près de la scène où les pêcheurs opèrent, qu’on peut les tuer à coups de gaffe et quelquefois les prendre avec la main. Autour de la poupe, la mer en est par moments si complétement couverte, qu’on ne peut lancer une pierre du bord, sans en attraper quelqu’un. Lorsqu’on jette ainsi quelque chose au milieu d’eux, les plus rapprochés de