Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/282

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’endroit où l’objet tombe prennent l’alarme, et la panique se communiquant de proche en proche, ils partent par milliers. Mais, pour s’élever dans l’air, ils ont besoin d’abord de s’aider de leurs pieds, et l’eau qu’ils frappent tous à la fois, rejaillit et bouillonne avec un bruit sourd, en produisant un effet très singulier. Il n’est pas moins amusant de voir la voracité sans égale avec laquelle ils saisissent les portions de gras qui tombent devant eux, ainsi que la grosseur et la quantité des aliments qu’ils engloutissent pour un seul repas. Pendant tout ce temps, on ne cesse d’entendre une sorte de gloussement étrange ; car ils se dépêchent, craignant de n’en pas avoir assez, et regardent d’un œil d’envie et même attaquent avec fureur ceux d’entre eux qui tiennent les plus beaux morceaux. D’habitude il leur arrive de se gorger si complétement, qu’ils ne peuvent plus voler. Dans ce cas, lorsqu’ils ne se sont pas soulagés en rendant gorge, ils tâchent de gagner quelque glaçon sur lequel ils restent jusqu’à ce que, la digestion étant en partie faite, ils aient recouvré leur capacité première. Alors, si l’occasion le permet encore, ils reviennent au banquet avec le même appétit. On a beau tuer de leurs camarades et les laisser flotter au milieu d’eux, ils ne paraissent s’inquiéter d’aucun danger pour eux-mêmes.

» Le Fulmar ne plonge jamais que lorsqu’il est excité par la vue d’un morceau de gras sous l’eau. Quand il y a quelqu’un auprès de lui, il surveille d’un œil attentif l’homme et la proie, et fait continuellement aller ses pieds, sans pour cela bouger de place. Plus il voit