Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/286

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Les beaux jours du printemps sont revenus ; les arbres poussent de vigoureux bourgeons ; mais l’Opossum est presque nu et semble épuisé par un long jeûne. Il visite les bords des criques, et prend plaisir à voir les jeunes grenouilles dont il se régale en attendant. Cependant le phytolacca et l’ortie commencent à développer leurs boutons tendres et pleins de jus qui lui seront une précieuse ressource. L’appel matinal du dindon sauvage frappe délicieusement ses oreilles, car il sait, le rusé, qu’il va bientôt entendre la voix de la femelle, et qu’il pourra la suivre à son nid, pour sucer ses œufs qu’il aime tant. Et tout en rôdant ainsi à travers les bois, tantôt par terre, tantôt sur les arbres, de branche en branche, il entend aussi le chant d’un coq ; et son cœur tressaille d’aise, en se rappelant le bon repas qu’il a fait l’été dernier dans une ferme du voisinage. Doucement, l’œil attentif, il s’avance et parvient à se cacher jusque dans le poulailler !

Honnête fermier, pourquoi aussi, l’an passé, avez-vous tué tant de corneilles ? oui, des corneilles ; et par-dessus le marché, pas mal de corbeaux ! Vous en avez fait à votre guise ; c’est très bien ! Mais maintenant courez au village, achetez des munitions, nettoyez votre vieux fusil, apprêtez vos trappes, et recommandez à vos chiens paresseux de faire bonne garde, car voici l’Opossum ! Le soleil est à peine couché, mais l’appétit du maraudeur est toujours éveillé. Entendez-vous le cri de vos poulets ? il en tient un, et des meilleurs, et il l’emporte sans se gêner, le fin compère. Qu’y faire maintenant ! Oui, guettez le renard et le hibou, et féli-