Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/285

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tout ce qui l’entoure, pour dépister la proie que sa voracité préfère. Mais il vient de tomber sur la trace fraîche d’une perdrix ou d’un lièvre ; il relève son museau, aspire l’air subtil et piquant ; enfin il a pris son parti : c’est de ce côté qu’il faut aller, et il s’élance du train d’un homme marchant bon pas. Bientôt il s’arrête, comme ayant fait fausse route et ne sachant plus dans quelle direction avancer. Sans doute que le gibier s’est dérobé par un grand saut, ou bien a rebroussé tout court, avant que l’Opossum ait repris la piste. Il se dresse tout droit, se hausse sur ses jambes de derrière, regarde un instant aux environs, flaire encore à droite et à gauche, et puis repart. Maintenant ne le perdez pas de vue : au pied de cet arbre majestueux, il a fait halte ; il tourne autour du noble tronc, en cherchant parmi les racines couvertes de neige, et trouve au milieu d’elles une ouverture dans laquelle il s’insinue. Quelques minutes s’écoulent ; et le voilà qui reparaît, tirant après lui un écureuil déjà privé de vie ; il le tient dans sa gueule, commence à monter sur l’arbre et grimpe lentement. Apparemment qu’il n’a pas trouvé la première bifurcation à sa convenance, peut-être s’y croirait-il trop en vue ; et il monte toujours, jusqu’à ce qu’il ait atteint un endroit où les branches, entrelacées avec des vignes sauvages, forment un épais berceau ; là il se fait une place commode, s’arrange à son aise, enroule sa longue queue autour d’une des jeunes pousses, et de ses dents aiguës déchire le pauvre écureuil qu’il tient, pendant tout ce temps, avec ses griffes de devant.