Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/319

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qu’après qu’on en a tué un grand nombre. Ce qui surtout est cause qu’on a du mal à s’en procurer, c’est qu’en quittant les arbres ils montent de suite à une hauteur considérable. Mais nous avions d’excellents fusils ; et Tom le Long, celui de notre digne pilote, se distinguait entre tous. Dans une de ces rencontres, ils planèrent pendant plus d’une demi-heure au-dessus de notre tête, et nous en tuâmes près d’une trentaine. Nous pouvions entendre le coup les frapper ; et en tombant, le bruit de leurs grandes ailes qui tournoyaient en l’air ressemblait à celui d’une voile battant contre le mât, dans un temps calme. Dès qu’ils se sentent touchés à mort, ou même très légèrement, ils rendent gorge, comme les vautours, les mouettes et quelques sternes. Une fois tombés, si l’on cherche à s’en approcher, ils continuent de vomir le contenu de leur estomac, qui parfois exhale une odeur insupportable. On peut mettre la main dessus, bien qu’ils soient à peine blessés, sans qu’ils montrent grande disposition à se défendre ; seulement ils se tourmentent et se débattent jusqu’à ce qu’on les ait achevés. Prenez garde, toutefois ; car si vous vous avisez de leur introduire le doigt dans le bec, vous ne le retirerez pas sans dommage.

Ils sont d’un naturel morne et silencieux ; le seul cri que je leur aie entendu pousser, était une sorte de croassement. Ils dévorent les jeunes du pélican brun, lorsqu’ils sont encore tout petits ; n’épargnent pas ceux des autres oiseaux dont les nids sont plats et se trouvent exposés à leurs attaques, pendant l’absence des parents ; mais aussi gare à leur propre couvée, que ne