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TOUJOURS EN CALME.


Le quatre juin, notre situation n’avait pas changé ; si ce n’est que les courants du golfe nous avaient emportés à une grande distance du lieu où, comme je vous le disais, nous nous amusions à prendre des dauphins. Ces courants étaient des plus irréguliers et nous entraînaient çà et là, tantôt nous faisant craindre d’être jetés sur les côtes de la Floride, et menaçant tantôt de nous envoyer à Cuba. Parfois un faible souffle de vent, ranimant notre courage, gonflait légèrement nos voiles et nous poussait sur les ondes immobiles, comme le patineur dont les pieds rapides ne font qu’effleurer la glace ; mais, après quelques heures d’espérance, tout retombait en calme plat.

Un jour, plusieurs petits oiseaux vinrent se poser sur nos espars et même s’abriter jusque sur le pont. L’un d’eux, une femelle d’ortolan, attira particulièrement notre attention ; car, immédiatement après elle et sur sa trace, nous vîmes descendre un superbe faucon pèlerin. Le ravisseur plana quelque temps au-dessus d’elle, puis vint s’établir à l’extrémité d’une vergue, et de là, fondant à l’improviste sur le petit glaneur des champs, l’emporta en triomphe dans ses serres. Remarquez, je vous prie, la date, et jugez de ma stupéfaction,