Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/325

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choire inférieure dépassait la supérieure d’environ 3/4 de pouce ; et chacune était garnie d’une simple rangée de dents coniques, longues d’un demi-pouce, et séparées de telle sorte qu’en se correspondant aux deux mâchoires elles pouvaient tout justement jouer les unes entre les autres. L’animal pesait comme quatre cents livres ; ses yeux étaient extrêmement petits. Nous avions à bord des gens qui considéraient sa chair comme délicate ; mais, dans mon opinion, si elle est bonne, celle de l’alligator l’est aussi, et ce que je puis dire, c’est que de longtemps l’envie ne me prendra de me régaler ni de l’une ni de l’autre. Le capitaine avait vu de ces marsouins sauter perpendiculairement à plusieurs pieds hors de l’eau, puis retomber dans de petites barques que leur poids faisait souvent enfoncer.

Durant ces longues journées, des troupes de pigeons ne cessèrent de passer entre Cuba et les Florides, et de temps en temps une mouette à gorge rose venait se jouer autour de nous ; la nuit, des sternes noddies se posaient sur nos cordages ; et parfois apparaissait une frégate planant au-dessus de notre tête, dans le limpide azur des cieux.

Cependant on étudiait la direction des courants, et notre capitaine, qui avait de véritables dispositions pour la mécanique, s’employait à tourner des cornes à poudre et autres articles. Il faisait si peu d’air et la chaleur était si étouffante, que nous avions dressé sur le pont une grande tente pour prendre nos repas et passer la nuit ; mais, malgré tout, la fatigue et l’ennui nous dominaient ; et je crois que les matelots se seraient presque