Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/328

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du Sterne arctique ou du Sterne commun. Parfois son corps entier s’enfonce dans l’eau, mais l’instant d’après il se renlève et gagne prestement une position avantageuse d’où il puisse fondre sur une nouvelle proie. S’il arrive que le poisson disparaisse, tandis que l’oiseau se précipite vers lui, aussitôt ce dernier s’arrête, sans même descendre jusqu’à la surface de l’eau. Sa voix est aigre, perçante, et se distingue à un demi-mille. Il la fait entendre par intervalles en volant ; et quand vous approchez de son nid, il se tient au-dessus de votre tête et ne cesse de vous menacer de ses cris de colère qui déchirent les oreilles.

Quand je découvris l’île où nichent ces oiseaux, j’en trouvai qui pondaient encore ; mais il n’y en avait aucun qui couvât. Le même nid ne contenait, au plus, que trois œufs qui reposaient sur le sable, à petite distance les uns des autres ; et c’est à peine si l’on distinguait une apparence de trou préparé pour les recevoir. Quelques-uns avaient été placés au pied d’une maigre touffe d’herbe ; et tous étaient exposés en plein à la chaleur du soleil qui, je le crois, était à cette époque bien suffisante pour les cuire. Ils varient autant en couleur que ceux du Sterne arctique ou du grand guillemot, et paraissent non moins disproportionnés avec la taille de l’oiseau, leur grand diamètre étant de deux pouces un huitième, et le petit d’un pouce trois huitièmes et demi. Ils sont d’une forme ovale et pointus ; le fond, d’un gris jaunâtre, est plus ou moins taché, barbouillé ou nuancé de différentes teintes de terre d’ombre, de bleu pâle et de rougeâtre. D’après ce que dit mon ami