Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/334

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attraper de mieux. C’est là que je vis un aigle à tête blanche donner la chasse à l’un de ces dégoûtants oiseaux, le frapper et le tuer pour se repaître des entrailles d’un cheval que le vautour avait déjà en partie avalées.

À la vérité, je ne trouvai pas à Natchez beaucoup d’amateurs de la science ornithologique ; mais j’y reçus un accueil que de longtemps je n’oublierai. M. Garnier me donna, dans la suite, des preuves d’une véritable amitié, ainsi que vous le saurez en son lieu. Je veux dire aussi quelques mots d’un autre personnage dont la bonté envers moi s’est gravée en traits ineffaçables dans mon cœur ; toutefois, pour peindre un homme de ce caractère, il faudrait la plume d’un Fénelon : Charles Carré était d’origine française et fils d’un noble de l’ancien régime. Ses qualités acquises et la bienveillance de son naturel me firent, à première vue, une telle impression, que je ne pus m’empêcher de le regarder comme un autre mentor. À peine lui restait-il quelques cheveux grisonnants sur la tête, mais dans toute sa contenance respiraient la gaieté et l’esprit bouillant de la jeunesse. Il pratiquait les plus saints préceptes du christianisme, car son cœur et sa bourse étaient toujours ouverts pour l’infortune. Ce fut sous sa direction que je visitai les environs de Natchez ; il possédait à fond toute l’histoire de cette ville, depuis l’époque où elle était d’abord tombée au pouvoir des Espagnols, jusqu’à leur expulsion du pays, ensuite jusqu’à la domination des Français qu’en définitive avait remplacée la nôtre. Il était, en outre, très versé dans la connaissance des divers idiomes indiens, parlait le français avec