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Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/340

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à bord, s’offrit à nous accompagner lui-même dans la yole. Les fusils furent promptement nettoyés ; on mit les provisions et les munitions dans les bateaux ; et après avoir bien soupé, nous attendîmes, en causant et en riant, l’heure du départ.

Au coup de huit heures, nous étions sur pied, faisant route pour les îles. La lune brillait dans le clair firmament ; mais il n’y avait pas même un souffle de brise, et nous fûmes obligés de prendre les avirons. De plus nous avions la marée contre nous, et pendant plusieurs milles il nous fallut tirer nos bateaux sur des bas-fonds vaseux et glissants. Enfin nous arrivâmes à une grande île, au milieu d’un profond canal ombragé de mangliers sur lesquels, le soir précédent, nous avions remarqué que les Hérons venaient se percher. Nous restâmes là, sans bouger, jusqu’à la pointe du jour. Ah ! lecteur, vous ne vous imaginez pas ce que c’est que de passer une mortelle heure, dans un pareil lieu, en proie aux mouches et aux moustiques, alors surtout qu’il vous est absolument interdit de faire un seul mouvement. Heureusement le jour parut ; les bateaux se séparèrent en se donnant rendez-vous au bord opposé de l’île, et nous commençâmes à ramer chacun de notre côté, en faisant le moins de bruit possible. Bientôt un Héron s’enleva d’une branche, juste au-dessus de nos têtes ; une triple décharge retentit ; mais l’oiseau n’en volait que mieux : sans doute, le pilote et moi nous nous étions trop pressés. Le héron, tout en s’en allant, poussait de grands cris qui, joints au bruit de nos armes à feu, en réveillèrent des centaines d’autres que nous vîmes s’en-