Aller au contenu

Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/339

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sinueuses formées par la marée sur une grande île plate que la mer recouvrait en partie. Là, nous espérions trouver abondance de Hérons ; mais longtemps nous cherchâmes sans succès. En vain d’autres oiseaux s’offraient à nos coups ; nous nous étions promis de ne faire feu que sur le grand Héron blanc, et pas un ne s’était encore approché de nous. Enfin, après six ou sept heures de fatigue, un Héron s’enleva au-dessus de notre tête, et nos deux coups partirent à la fois. L’oiseau tomba roide mort. C’était une femelle qui couvait encore, ou dont les petits devaient être nouvellement éclos, car son ventre était nu et tout son plumage en mauvais état. Nous prîmes alors un peu de repos, déjeunâmes de quelques biscuits assaisonnés de mélasse et trempés dans l’eau, et nous étendîmes à l’ombre des mangliers, offrant aussi aux moustiques une excellente occasion de rompre leur jeûne. Ensuite nous visitâmes les clefs l’une après l’autre, et vîmes un grand nombre de Hérons blancs. Enfin, à la nuit, nous regagnâmes la Marion, épuisés et n’emportant pour tout butin qu’un seul oiseau. Cependant M. Egan et moi, nous songions aux moyens d’en avoir d’autres à moins de frais, ce qui eût pu se faire très facilement un mois plus tôt, alors que ces oiseaux, comme il me dit, étaient entièrement absorbés par les soins de l’incubation. Il me demanda si je ne voudrais pas retourner, cette nuit même, à minuit, sur la dernière île que nous venions de parcourir ? J’acceptai la proposition et en fis part à notre capitaine, qui, ne cherchant que l’occasion de m’obliger quand le service ne réclamait pas sa présence