Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/342

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où nous étions, se tenaient plus de cent Hérons sur un banc de vase où ils étaient enfoncés jusqu’au ventre. Le pilote nous avertit que c’était le bon moment : La marée, dit-il, les forcera bientôt à s’envoler, et ils viendront se reposer sur les arbres. En conséquence, nous nous dispersâmes pour nous placer chacun de notre mieux ; et je me postai sur la partie la plus basse de l’île, en ayant une autre, en face de moi, dont je n’étais séparé que par un canal. De ce point j’eus le plaisir de voir tous les Hérons prendre l’essor, en se suivant rapidement les uns les autres ; et bientôt j’entendis les coups de fusil de mes camarades, mais sans que retentît le signal qui devait annoncer le succès. Moi-même, à ce moment, ayant cru trouver une occasion favorable, j’en ajustai un très gros, lâchai la détente et entendis distinctement le coup le frapper… le Héron se contenta de pousser son croassement d’habitude, et ne ralentit point son vol. Il n’en vint pas d’autre à portée ; bien qu’on en vît un grand nombre s’abattre dans l’île voisine, où ils se tenaient, perchés sur leurs longues jambes, comme autant de statues du plus pur albâtre, formant un beau contraste avec le bleu foncé du ciel. Les bateaux revinrent ; M. Egan avait un oiseau, le capitaine un autre, et tous deux me regardèrent avec surprise. Nous nous embarquâmes alors pour l’île qui était devant nous, et où nous espérions faire meilleure rencontre. À peine nous étions-nous avancés d’une centaine de pas le long du bord, que nous trouvâmes celui que j’avais tiré, gisant, les ailes étendues, dans les dernières convulsions de la mort. Ainsi,