Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/348

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couple pour lui, et offrit l’autre à notre ami commun, le docteur Samuel Wilson, qui l’accepta, mais pour le donner bientôt au docteur Gibbes, et cela, par l’unique motif qu’ils lui avaient, disait-il, tué trop de canards. Bachman conserva les siens pendant plusieurs mois. Ils étaient si voraces, qu’il pouvait à peine les entretenir de poisson : ils avalaient plein un baquet de mulets en quelques minutes ; ce qui faisait, pour chacun d’eux, au moins un gallon. Pour se percher, ils avaient adopté un bel arbre de son jardin ; et à les voir ainsi dans la nuit, avec leur blanc plumage, on eût dit des êtres d’un autre monde. Un fait remarquable, c’est que la pointe de leur bec, dont plus d’un pouce avait été brisé, repoussa, dans l’espace de six mois, aussi droite et aussi fine que si aucun accident ne lui fût arrivé. De bonne heure, au soir ou au matin, on les voyait en arrêt, comme de vrais chiens, devant les mouches qui voltigeaient autour des fleurs ; et ils savaient happer très adroitement le léger insecte, qui au même instant disparaissait dans leur gosier. En maintes occasions aussi ils s’attaquaient aux poulets, aux canards et autres volailles, qu’ils mettaient en pièces et dévoraient. Une fois, un chat qui dormait au soleil, sur l’un des bancs de la véranda, fut cloué d’un coup de bec contre la planche et massacré. À la fin même ils commençaient à poursuivre les jeunes enfants de mon ami, lorsque celui-ci donna l’ordre de les mettre à mort. L’un d’eux fut très habilement empaillé par mon aide naturaliste, M. H. Ward, et figure maintenant dans le musée de Charlestown. Le docteur Gibbes fut obligé de faire subir aux siens le