Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/35

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limpide pour que, sans se ternir, les rayons du soleil puissent tomber sur la riche cotte de mailles qui le revêt. Regardez-le : comme il se balance mollement à l’abri du vent, sous le couvert de ce roc, à vos pieds ! voyez comme il se tient ferme en équilibre ! et comptez, s’il se peut, les incessantes vibrations de ses nageoires. Mais un autre vient de surgir à ses côtés, resplendissant du même éclat, et se balançant, comme lui, d’un mouvement gracieux et léger. Le soleil brille, et derrière chaque pierre ou chaque grosse souche tombée dans le courant, se montre quelqu’une de ces charmantes petites créatures, qui s’élève à la surface de l’eau pour se jouer à la lumière et apparaître dans toute sa beauté. Sur son corps éblouissant, les reflets de l’or qui se mêlent au vert de l’émeraude, non moins que les teintes de corail qui le nuancent en dessous, et le rouge étincelant de ses yeux, en font, pour le regard enchanté, une véritable perle des eaux.

La rivière, précipitant son cours, bondit et bouillonne par-dessus les obstacles qui encombrent son lit ; et de ces obstacles, il n’en est pas un, roches aiguës, grosse pierre, tronc vermoulu, qui ne devienne un lieu de repos, de sûreté, d’observation pour notre gentil poisson, à l’œil duquel rien n’échappe. Emporté par le courant, voici venir un malheureux papillon, qui se débat en vain pour s’arracher au perfide élément. De temps en temps son corps parvient à se soulever un peu ; mais ses larges ailes, mouillées et appesanties, l’entraînent de nouveau, et il retombe. Le poisson l’a vu, et quand il passe devant sa retraite, il s’élance,