Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/351

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beurre était tout à fait rance, l’huile bonne tout au plus à graisser nos fusils, le vinaigre trop libéralement délayé de cidre ; enfin, la moutarde et le poivre n’avaient point le piquant voulu. Et ce qu’il y a de pis, c’est que nous ne nous aperçûmes de tout cela que lorsqu’il était trop tard pour y remédier. Plusieurs de nos jeunes gens n’étaient pas habillés comme il convient pour des chasseurs, et quelques-uns de nos fusils laissaient beaucoup à désirer sous le rapport de la qualité. Quant à notre vaisseau, du moins, nous étions bien partagés : c’était un excellent marcheur, ne prenant pas l’eau, et qui, monté par un bon équipage, obéissait à un habile marin. La cale était parquetée, et une entrée y conduisait de la cabine ; de sorte que nous trouvions là, tout à la fois, parloir, salle à manger, salon, bibliothèque, etc., etc. ; l’ensemble cependant ne formant qu’une seule pièce. Une table de sapin d’une longueur démesurée occupait le centre ; un de mes compagnons avait suspendu son hamac à l’un des bouts, et dans son voisinage dormaient le cuisinier et un jeune garçon qui remplissait les fonctions d’armurier. La cabine était peu spacieuse, mais disposée de façon à pouvoir servir de dortoir. Elle contenait une petite table et un poêle. Nous avions adopté en grande partie l’accoutrement des pêcheurs américains sur cette côte, à savoir : de fortes culottes de drap bleu, une sorte de veste bien chaude et des jaquettes de molleton. Nos bottes étaient larges, à bout rond, et ferrées d’énormes clous pour nous empêcher de glisser sur les rochers. De grosses cravates de laine, d’épaisses mi-