Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/352

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taines et un chapeau à larges bords complétaient notre équipement plus pittoresque que fashionable. À la première occasion, nous changeâmes nos bottes pour des mocassins esquimaux en peau de veau marin, imperméables, légers, aisés et attachés par le haut, vers le milieu de la cuisse, au moyen de courroies qui, bouclées par-dessus la hanche, les maintenaient solidement en place. Enfin, nous nous étions précautionnés de plusieurs bateaux à l’épreuve et dont l’un, extrêmement léger, avait été construit pour les eaux basses.

Aussitôt arrivés sur la côte et à peine entrés dans le port, nous convînmes d’un règlement pour l’ordre et le bien général : chaque matin, il fallait que le cuisinier fût debout avant trois heures, et le déjeuner sur table à trois heures et demie. À ce moment chacun devait être équipé. Fusils, munitions, boîtes de botaniste, paniers pour les œufs et les minéraux, tout cela était prêt. Notre déjeuner se composait de café et de pain, avec quelques accessoires. À quatre heures, sauf le cuisinier et un matelot, tous partaient, chacun dans sa direction, et emportant avec soi des provisions cuites. Les uns gagnaient les îles, d’autres les baies profondes ; ceux-là, en prenant terre, se mettaient à battre le pays jusqu’à midi : alors ils s’étendaient sur la riche mousse, ou bien s’asseyaient sur le granit, et prenaient une heure de repos pour manger leur dîner et causer entre eux de leurs succès ou de leurs désappointements. Je regrette de ne pas avoir crayonné les groupes curieux que formaient, dans ces occasions, nos jeunes amis ; ou lorsqu’au soir, revenus à bord, ils étaient tous occupés à