Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/367

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Une après-midi, comme le soleil allait se coucher, un véhicule fit halte à ma porte, et le conducteur me donna de suite à entendre qu’il était très pressé de repartir. En conséquence, sans perdre de temps, je mis sur la charrette une malle, deux fusils avec les autres choses nécessaires en pareil cas ; puis j’y montai moi-même. Le conducteur n’eut qu’à siffler, et ses chevaux partirent au bon trot par-dessus les sables épais et mouvants qui, dans presque toutes les parties de cet État, forment le fond des routes. Nous marchions depuis un certain temps, lorsque nous rattrapâmes toute une caravane de véhicules semblables au nôtre et qui suivaient la même direction. Quand nous fûmes près d’eux, nos chevaux se mirent au pas ; et étant tous deux descendus de voiture, nous nous trouvâmes au milieu d’un groupe de joyeux charretiers en train de se raconter leurs aventures de la semaine (on était alors au samedi soir). L’un faisait le compte des têtes de mouton qu’il portait à la ville ; l’autre parlait des courlis qui restaient encore sur les sables ; un troisième se félicitait d’avoir ramassé tant de douzaines d’œufs de râle, etc., etc. À mon tour, je demandai si les faucons pêcheurs étaient abondants aux environs du grand Port aux œufs : à cette question un individu d’un certain âge ne put s’empêcher de rire, et me demanda à moi-même si j’avais jamais vu le weak fish, au long de la côte, sans l’oiseau dont je lui parlais ? Ne sachant quel animal il entendait par là, j’avouai mon ignorance ; alors toute la bande poussa de grands éclats de rire auxquels je fus le premier à me joindre.