Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/369

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temps à autre le nid d’une orfraie, au-dessus duquel, tout là-haut dans les airs, l’oiseau à la blanche gorge déployait ses ailes, en prenant son essor vers la mer, dont j’aspirais avec délices les âpres parfums. Après une demi-heure de marche, nous nous trouvâmes au centre même du grand Port aux œufs.

J’eus la satisfaction d’être reçu dans la maison d’un vieux pêcheur qui, propriétaire d’un agréable cottage situé à quelques centaines de mètres du rivage, avait en outre le bonheur de posséder une excellente femme, et d’être père d’une charmante enfant, joueuse comme une petite chatte, mais sauvage comme une mouette de mer. En moins de rien, j’étais installé dans leur demeure et pouvais déjà me regarder comme appartenant à la famille. Nous consacrâmes le reste de la journée à des exercices pieux.

Les huîtres, quoique la saison en fût passée, me parurent aussi bonnes et tout aussi fraîches que si on les eût prises à l’instant même sur leurs bancs. J’en fis mon premier repas, et jamais je n’en avais mangé de plus belles ni de plus blanches. Rien qu’à les voir ainsi sur une table amie, ayant à côté de moi une famille industrieuse et honnête, j’éprouve toujours une jouissance que les festins les plus somptueux ne peuvent me procurer. Notre conversation était simple autant qu’innocente, et le contentement brillait sur tous les visages. À mesure que la connaissance devenait plus intime, j’avais à répondre à diverses questions relatives à l’objet de ma visite. Mon digne hôte se frotta les mains, quand je parlai de chasse et de pêche et des longues excursions