Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/371

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avocettes[1] ; et pour y parvenir, nous suivîmes pendant plusieurs milles une passe tortueuse qui nous conduisit dans l’intérieur d’un vaste marais où, après quelques recherches, nous finîmes par trouver non-seulement ces oiseaux, mais encore leurs nids. Notre filet avait été tendu en travers du canal ; et quand nous revînmes, la marée, en se retirant, y avait laissé quantité de beaux poissons dont plusieurs furent cuits et mangés sur place. J’en réservai un qui me parut curieux et que j’envoyai au baron Cuvier. Notre repas fini, nous étendîmes le filet pour le faire sécher, et continuâmes nos recherches jusqu’au retour de la marée. Après avoir fait un assez riche butin, nous reprîmes les avirons et ne nous arrêtâmes qu’en face la maison du pêcheur, où nous traînâmes plusieurs fois la seine et toujours avec grand profit.

Je passai, de cette manière, plusieurs semaines, sur ces rivages salubres et délicieux : tantôt m’enfonçant au travers des bois et des marécages, retraites préférées des hérons ; tantôt prenant plaisir à écouter le cri retentissant des râles ; ou bien encore portant la destruction parmi les blanches mouettes ; d’autrefois m’amusant à pêcher, dans quelques remous près du bord, le poisson qu’on appelle tête de mouton, et suivant enfin du regard le sterne rapide qui faisait ses évolutions au sein

  1. Lawyers. Ce nom d’avocette, ou avocat, leur a été donné, remarque Wilson, parce qu’ils ont la langue bien pendue et crient continuellement ; mais là, ajoute-t-il, s’arrête la comparaison, car l’avocette est simple, timide et incapable de faire aucun mal.