Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/386

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par-dessus la baie, offrant ainsi au chasseur des occasions très favorables. Ils conservent, dans leurs plus courts voyages, l’ordre qu’ils observent pour leurs migrations, c’est-à-dire qu’ils volent en ligne ou bien en formant un triangle sans base ; et si le vent souffle sur les pointes de terre qui font saillie au-dessous d’eux, c’est alors qu’on a beaucoup de chance d’en tuer. D’ordinaire, en effet, ils évitent autant que possible d’approcher du rivage ; mais lorsqu’une forte brise les pousse vers ces sortes de promontoires, ils sont obligés de céder au vent et passent à portée de fusil du bord, quelquefois même par-dessus la terre.

» Quand on les trouble sur leurs bancs, alors même qu’ils y trouveraient abondance de nourriture, on les force la plupart du temps à s’éloigner et à chercher d’autres lieux pour vivre. Aussi, sur les rivières qui descendent à la baie, au voisinage des pointes d’où il est aisé de les guetter, jamais, soit de jour, soit de nuit, ils ne se voient inquiétés par des bateaux chasseurs. À la vérité, le bruit des coups qu’on tire du rivage les fait d’abord s’envoler, mais bientôt ils reviennent ; tandis que si une voile les poursuit seulement pour quelques instants, ils abandonnent leur retraite favorite, et on ne les revoit pas de plusieurs jours.

» D’après le nombre de Canards qu’on aperçoit dans toutes les directions, on serait tenté de croire qu’on n’a qu’à les attendre à la première pointe venue, pour être sûr d’en abattre à discrétion ; mais si l’on fait attention à la puissance de leur vue qui distingue de si loin, comme aussi à l’immensité de l’espace dont