Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/387

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ils disposent, on reconnaîtra qu’à moins de circonstances assez heureuses, un chasseur peut rester des jours entiers sans obtenir aucun succès. Du côté ouest de la baie, là où croît surtout la plante qu’ils aiment, les vents du sud sont les plus propices. Si la marée est haute, avec une petite gelée et un vent frais du midi, ou même par une matinée calme, ces oiseaux se mettent en mouvement par troupes dont le nombre dépasse toute idée ; et ils approchent si près des pointes, qu’un médiocre tireur peut en tuer de cinquante à cent par jour.

» Lorsqu’un étranger visite ces eaux et qu’il voit ces Canards qui par milliers couvrent les bancs de sable et remplissent l’air de leurs bataillons serrés, avec des multitudes de beaux cygnes blancs posés non loin du rivage, où ils ressemblent à des masses de neige nouvelle, il s’imagine qu’on n’a qu’à tirer et qu’au milieu de ces rangs profonds il n’est pas un coup de fusil qui ne porte. Mais qu’il considère l’épaisseur du plumage qui les défend, la rapidité de leur vol, la promptitude et la durée de leurs plongeons, sans compter les circonstances du vent et de la saison, qui ont ici une si grande influence, et il s’étonnera bien plutôt que l’on en puisse détruire autant.

» Jusqu’ici la méthode la plus habituellement employée contre eux a été de les tuer au vol, soit des pointes dont j’ai parlé, soit du rivage ou posté sur des bateaux, après qu’ils se sont posés pour manger ; ou bien encore, comme l’on dit, en les attirant ; opération qui consiste à faire venir les Canards quelquefois d’une