Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/392

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qu’un Canard à la fois ; mais un vrai Terre-Neuve que nous avions avec nous, cet automne, nageait plus de vingt mètres au delà du premier, pour en prendre un second dans sa gueule et les rapporter tous les deux. Ces nobles animaux sont pleins d’ardeur et d’ambition : un gentleman me racontait qu’il avait ainsi vu rapporter à son chien, dans l’espace d’une heure, vingt-deux Canards de la Vallisnérie et trois cygnes, à un moment où l’eau était si froide et la saison si rigoureuse, que la pauvre bête était toute couverte de glaçons, au point que, pour l’empêcher de geler, il avait dû prendre son manteau et l’en envelopper. Il y en a qui plongent très loin après un Canard ; mais lorsqu’un millouinan ou un Canard de la Vallisnérie n’est que blessé, il s’enfonce si profondément dans l’eau, qu’il est presque impossible au chien de les atteindre. Pour vous donner une idée de la rapidité avec laquelle ces oiseaux disparaissent, il me suffira de vous citer un fait dont j’ai été témoin moi-même, et j’ajoute qu’un autre tout semblable s’offrit le même jour à l’observation de l’un de mes amis : un mâle, de l’espèce du Canard à longue queue, fut tiré sur l’eau avec un fusil à piston ; mais en plongeant, il évita le coup et, quelques instants après, s’envola ; quand il fut à environ cinquante mètres de la barque et peut-être à un pied au-dessus de la surface de l’eau, le chasseur lui envoya un second coup ; mais à la seule explosion de la capsule, il avait eu le temps de replonger ; et, bien que le plomb eût couvert la place où il venait de disparaître, nous le vîmes se renlever bientôt après, sans le moindre mal.