Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/393

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» Lorsqu’un de ces Canards a été frappé sur quelque cours d’eau du voisinage, il gagne immédiatement la baie et s’y tient caché parmi les herbes, jusqu’à ce qu’il soit guéri ; à moins toutefois qu’il ne lui arrive d’être achevé par les aigles, les faucons, les goëlands ou les renards qui rôdent continuellement aux environs. Si vous en tuez un de l’espèce de la Vallisnérie et que vous ne le preniez pas de suite, il ne tardera pas à devenir la proie du goëland, qui généralement ne touche qu’à celui-là. J’ai vu de ces lâches maraudeurs assaillir des Canards ainsi blessés. Presque toujours un ou deux coups de bec mettaient fin à la résistance ; cependant le combat ne laissait pas que d’être rude, et parfois même l’agresseur était repoussé. S’il se trouve que le Canard soit d’une saveur remarquable, le goëland manifeste sa joie gloutonne d’une façon si bruyante, que bientôt d’autres se rassemblent, et dans ce cas le morceau reste au plus courageux ou au plus fort.

» Une autre méthode pour prendre les Canards consiste à tendre un filet sous l’eau, dans les lieux où ils ont coutume de venir manger ; et quand ils plongent pour chercher la nourriture, leur tête et leurs ailes s’embarrassent dans les mailles où ils se noient. Ce moyen réussit d’abord, mais bientôt les oiseaux s’effarouchent et finissent par s’éloigner. Dans certains cas même, il a suffi d’en tendre ainsi deux ou trois fois de suite, pour les empêcher de revenir de plusieurs semaines. Quand on cherche à s’avancer sur eux à la rame, de nuit comme de jour, on produit le même effet ; et ce procédé, assez généralement en usage sur la rivière Bush,