Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/398

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et qu’on eut retranché de chaque animal la tête et les pieds, mon matelot et moi nous portâmes le gibier à la mer pour l’y laver ; et je fus tout étonné d’apercevoir, juste devant nous, quatre Tourne-pierres qui se tenaient dans l’eau. Ils ne s’éloignèrent que très peu en nous voyant, et à peine commencions-nous à nous retirer qu’ils revinrent à la même place. Ceci se répéta quatre fois de suite ; et quand nous fûmes enfin partis, ils se remirent à chercher tranquillement leur nourriture. Le plus éloigné ne se trouvait qu’à quinze ou vingt pas, et je prenais plaisir à voir leur confiance et leur air délibéré, pendant qu’ils retournaient coquilles d’huîtres, mottes de boue et autres petits corps qu’en se retirant la marée avait laissés à sec. Quand l’objet n’était pas trop gros, l’oiseau, les jambes à moitié ployées, introduisait son bec par-dessous, donnait subitement un coup de tête, avalait prestement la proie ainsi mise en vue, et sans plus de cérémonie passait à une autre. Mais s’il arrivait que l’huître ou le petit monceau de boue se trouvassent trop pesants pour être si aisément remués, alors ils employaient non-seulement le bec et la tête, mais encore la poitrine, et poussaient de toute leur force ; à peu près comme je faisais moi-même pour tourner sens dessus dessous quelque grosse tortue. Quand il s’agissait d’herbes marines rejetées sur la grève, ils ne se servaient que du bec ; et j’admirais avec quelle dextérité ils savaient les secouer et les épandre de côté et d’autre. Je vis ainsi mes quatre Tourne-pierres fouiller tous les recoins du rivage, sur un espace de trente ou quarante mètres ; après quoi