Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/399

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je les fis partir, de crainte que les chasseurs ne les tuassent en revenant.

Une autre fois, en compagnie de M. Harris et sur la même île, je fus témoin d’une scène semblable : nous vîmes plusieurs Tourne-pierres occupés à chercher leur nourriture et s’y prenant avec non moins d’adresse. En différentes occasions, notamment au voisinage de Saint-Augustin, dans la Floride orientale, je me suis amusé à guetter ces oiseaux avec une lunette, tandis qu’ils travaillaient sur les bancs d’huîtres du Raton. Ils recherchaient de préférence les huîtres que l’ardeur du soleil avait tuées, et retiraient le corps d’entre les valves, précisément à la manière de l’huîtrier commun ; mais, pour les coquilles minces, ils les frappaient et les brisaient, comme je pus le reconnaître en allant examiner les lieux. Sur la côte de la Floride, près du cap Sable, j’en tuai un au mois de mai, qui avait l’estomac rempli de ces jolis coquillages auxquels leur ressemblance avec les grains de riz a fait donner communément le nom de coquilles de riz.

J’ai toujours considéré le Tourne-pierre, surtout sous le rapport de ses mœurs, comme une espèce très voisine de l’huîtrier. Certainement il en diffère en plusieurs points ; mais si je n’avais à consulter que ses affinités pour déterminer sa place, je le ferais sortir de la famille des Tringœ. Sa manière de chercher la nourriture autour des petits cailloux et autres objets semblables, la force relative de ses jambes, sa disposition à la solitude, ses notes sifflantes pendant qu’il vole, tout cela finira par prouver, je l’espère, que ce que je viens