Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/410

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tout prêts, et mon fils, couché sur l’avant de la barque, n’attendait que le signal. — Feu ! soudain la détonation retentit ; les Pélicans effrayés battent des ailes et se dispersent dans toutes les directions, laissant derrière eux trois de leurs camarades sur l’eau. Un second coup part et en abat un quatrième au vol ; plusieurs en outre étaient blessés. Nous nous mîmes à leur donner la chasse, et quelques instants après nous les avions en notre pouvoir. Poussant alors environ un quart de mille plus loin, nous en tuâmes encore deux et en poursuivîmes d’autres qui étaient blessés à l’aile ; mais nous ne pûmes faire avancer notre bateau assez vite au milieu des passes étroites et des bas-fonds tortueux, de sorte qu’ils finirent par nous échapper. Ces oiseaux nous parurent très peu farouches, pour ne pas dire tout à fait stupides. Dans une seule place où il y en avait près de soixante sur une énorme souche, nous en eussions peut-être tué huit ou dix d’une décharge, si nous avions pu nous approcher de vingt pas de plus ; mais nous en avions une bonne provision, et nous revînmes au vaisseau sur le pont duquel on laissa les blessés se promener en liberté. Les Pélicans sont très difficiles à tuer : plusieurs que le plomb avait percés de part en part, n’expirèrent que huit ou dix minutes après avoir reçu le coup. Ils ont la vie si dure, que l’un de ces oiseaux, qui avait eu le derrière de la tête fracassé par une balle à mousquet, semblait cinq jours après presque convalescent et même était devenu très familier. Quand ils se sentent blessés, ils nagent avec lenteur et pesamment, et ne cherchent pas à plonger, ni même à mordre, ainsi que font les