Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/428

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elle restera à la même place et dans la même posture, tandis que vous lui envoyez plusieurs balles coup sur coup. Elle pêche, je le répète, non pas en plongeant de dessus la branche, ou en tombant à plomb sur la proie ; mais elle plonge en nageant, comme le cormoran et maints autres oiseaux ; et il lui serait en effet assez difficile de découvrir un poisson, d’une certaine hauteur, au-dessus des eaux troubles où elle se plaît.

Elle se meut gauchement le long des branches, en s’aidant de ses ailes, qu’elle a soin d’ouvrir, et parfois de son bec, comme le perroquet. Par terre, elle marche et même court avec beaucoup d’aisance, et certes bien plus adroitement que le cormoran, quoiqu’elle se donne à peu près les mêmes mouvements ; mais dans ce cas elle ne fait point usage de sa queue, qu’elle redresse au contraire ; et en s’en allant ainsi d’un lieu à l’autre, elle darde continuellement la tête et le cou, qui s’étend de toute sa longueur. Pendant la saison des amours, ces mouvements acquièrent beaucoup de grâce et deviennent alors lents et onduleux ; en même temps aussi, la poche placée au-dessous de la gorge est distendue, et ces oiseaux font entendre des sons rauques et gutturaux. Quand ils se caressent au sein des airs, à la façon des cormorans, ils poussent une sorte de sifflement qui rappelle celui de certains rapaces, et qu’on peut rendre par les syllabes eck, eck eck, la première la plus forte, et les autres en faiblissant. Sur l’eau, leurs notes d’appel ressemblent tellement au sourd grognement du cormoran, que je les ai souvent pris l’un pour l’autre.

Le vol de l’Anhinga est léger et par moments sou-