Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/454

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sable. C’est le moment de leur repos, et je crois aussi, de leur sommeil ; car, bien qu’en partie diurnes et parfaitement capables de distinguer le danger en plein jour, c’est rarement à cette heure, à moins que le temps ne soit sombre, qu’ils s’occupent à chercher leur nourriture. Sur les mêmes bancs, mais éloignées d’eux, des troupes de goëlands à manteau noir jouissent d’un égal bien-être au sein d’une parfaite sécurité. En effet, pendant le jour on ne trouve guère les Écumeurs sur des grèves qui ne soient pas séparées des rives par une large et profonde étendue d’eau ; et je crois pouvoir dire, sans exagérer, que sur ces bancs, aux heures dont je parle, j’en ai vu parfois plus de dix mille en une seule troupe. Essayez d’en approcher, et dès que vous en serez à deux fois la portée de votre longue canardière, tous, serrés comme ils sont, ils commenceront à se dresser à la fois sur leurs jambes, et à suivre de l’œil chacun de vos mouvements. Si vous avancez, la troupe entière prend l’essor, remplissant l’air de ses cris rauques ; bientôt elle monte à une grande hauteur et ne cesse de tournoyer au-dessus de votre tête, jusqu’à ce qu’enfin, à bout de patience, vous preniez le parti d’abandonner la place. Lorsqu’ils planent ainsi en innombrables multitudes, le dessous de leur corps, d’un blanc de neige, éblouit les yeux ; mais l’instant d’après, une autre manœuvre découvre le noir de leurs longues ailes et du dessus de leur plumage qui produit un contraste remarquable sur le fond du ciel bleu. C’est un plaisir alors de les suivre dans leurs évolutions : parfois il semble qu’ils vont s’élancer et disparaître ; et soudain