Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/456

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les ténèbres, quand ils passaient par en haut ou par en bas de la rivière : j’ajoute qu’à ce moment nous étions au moins à cent milles de son embouchure.

Longtemps avant de visiter moi-même la péninsule des Florides et autres parties de nos côtes du sud, où abondent les Becs en ciseaux, j’avais eu connaissance des observations de M. Lesson à leur sujet, et j’appliquai toute mon attention à les bien étudier, toujours à l’aide d’une excellente lunette, pour m’assurer s’il est vrai ou non qu’ils se nourrissent de mollusques bivalves trouvés dans les basses eaux ou les creux peu profonds des bancs de sable. Mais je dois le dire, pas un seul fait ne s’est passé sous mes yeux, qui soit venu confirmer cette assertion. J’aime mieux en croire Wilson qui dit que, tandis qu’ils sont dans nos contrées, ces oiseaux ne mangent jamais ni crustacés ni mollusques. Au reste, voici les propres termes de Lesson : « Quoique le Bec en ciseaux semble peu favorisé par la forme de son bec, nous acquîmes la preuve qu’il savait s’en servir avec avantage et très adroitement. Les plages sablonneuses de Peuce sont en effet remplies de mactres, coquilles bivalves que la marée descendante laisse presque à sec dans de petites mares. Le Bec en ciseaux, très au courant de ce phénomène, se place auprès de ces mollusques, attend que leurs valves s’entr’ouvrent, et profite aussitôt de ce mouvement, en introduisant de force la lame inférieure et tranchante de son bec entre les valves qui se resserrent. L’oiseau alors enlève la coquille, la frappe sur la grève, coupe le ligament du mollusque et peut ensuite avaler celui-ci sans obstacle. Plusieurs fois, il a