Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/459

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leur ardeur et fuit dans toutes les directions ; toutefois ses poursuivants ne la quittent pas ; leurs cris d’amour éclatent empressés et bruyants, c’est un plaisir d’écouter leur doux et tendre ha ha, ou les hack hack, cac, cac, de celui qui vient le dernier dans cette chasse galante. Ils suivent et serrent la femelle dans tous ses curieux zigzags, et chacun d’eux, en la dépassant tour à tour, entr’ouvre un moment ses ailes et lui donne un petit coup sur le côté. Parfois, toute une troupe s’enlève d’un banc de sable, file en ligne droite, chaque individu ne semblant attentif qu’à devancer ses compagnons, et mille cris confus de ha ha, hack hack, cac cac, remplissent les airs. Un jour, je vis un de ces oiseaux voltigeant autour d’une troupe qui venait de se poser. Il se tenait à une hauteur d’environ vingt mètres ; par moments faisait mine de se laisser tomber, comme si ses ailes eussent subitement faibli, puis remontait très haut, à la manière d’un pigeon faisant la culbute.

Le 5 mai 1837, je guettais sur l’île de Galveston quelques faucons de mars[1] dont les nids se trouvaient dans le voisinage, lorsque j’aperçus avec surprise une de ces grandes troupes d’Écumeurs qui s’étaient abattus et semblaient dormir sur une partie sèche et herbeuse de l’île. Mais j’eus l’explication de ce fait, en retournant au rivage : c’est qu’en effet, la marée beaucoup plus haute que d’habitude, avait recouvert tous les bancs de sable sur lesquels ces oiseaux se reposent ordinairement pendant le jour.

  1. Le Buzard sous buse (Falco cyaneus).