Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/460

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Maintenant, que dire de cet instinct, ou plutôt de cette étonnante sagacité qui, après qu’ils se sont dispersés durant une longue nuit, pour pourvoir chacun à leurs besoins, les ramène ensemble vers le matin ; et, souvent de distances considérables, les fait se réunir avant de descendre sur la partie de la grève où ils ont résolu de se reposer ? Pour moi, je serais tenté de croire que, la veille, ils ont eu soin de fixer entre eux le lieu du rendez-vous. Lorsqu’ils sont de compagnie occupés à leurs nids, ils ne souffrent la présence ni de la corneille ni du buzard des dindons. Dès que l’un de ces maraudeurs veut s’approcher, des douzaines d’Écumeurs se précipitent pour le chasser et ne cessent de le poursuivre qu’il ne soit tout à fait hors de vue.

Il y en a parmi ces oiseaux qui quittent le Sud, et gagnent pour nicher, les rivages de l’Est ; mais rarement en arrive-t-il au Grand port aux œufs, avant le milieu de mai ; et encore ils n’y pondent qu’un mois plus tard, c’est-à-dire vers l’époque où, dans les Florides ainsi que sur les côtes de la Géorgie et de la Caroline du sud, les petits sont déjà éclos. C’est là, cher lecteur, que nous allons revenir pour mieux les étudier, à cette époque intéressante de leur vie. Si je disais en quelles immenses multitudes ils se rassemblent pour fonder la colonie nouvelle, quelques-uns de mes lecteurs traiteraient peut-être mon récit de fable, comme ils ont fait pour ce que je leur ai raconté du pigeon voyageur ; j’aime mieux laisser parler mon ami Bachman : « Ces oiseaux, dit-il, sont extrêmement abondants et nichent en nombre prodigieux sur les îles qu’entoure