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Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/462

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cette tribu. Les petits semblent gauches et mal faits ; leur couleur est à peu près celle du sable sur lequel ils sont couchés, et ils ne peuvent voler qu’au bout de six semaines. C’est alors qu’ils commencent à montrer de la ressemblance avec leurs parents. Ceux-ci les nourrissent d’abord en leur dégorgeant le contenu de leur propre estomac, soigneusement macéré et ramolli ; puis ils finissent par prendre eux-mêmes, avec leur bec, des crevettes, de petits crabes et des poissons qu’on jette devant eux. Dès qu’ils sont capables de marcher, ils vont tous pêle-mêle ; et l’on ne conçoit vraiment pas comment les parents peuvent reconnaître chacun les leurs au milieu d’une telle confusion. Ils s’avancent à la manière des sternes, à petits pas, et la queue légèrement relevée. Quand ils sont rassasiés ou fatigués, vieux et jeunes ont coutume de s’étendre à plat sur le sable, le bec allongé devant eux ; et c’est lorsqu’ils reposent ainsi dans une trompeuse sécurité, que l’on a chance d’en tuer d’un seul coup des files entières. Si l’on en tire un au vol et qu’il tombe à l’eau, il flotte à la surface et se laisse prendre facilement ; alors pour peu que le chasseur désire s’en procurer un plus grand nombre, il peut aisément se satisfaire, car d’autres arrivent aussitôt et voltigent en criant de toute leur force, au-dessus de leur camarade blessé.