Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/461

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la mer à Bull’s-Bay. Nous y vîmes peut-être vingt mille nids d’un seul coup d’œil ; les matelots ramassèrent une énorme quantité de leurs œufs, et pendant tout ce temps, les oiseaux ne cessaient de crier. Dès qu’un pélican se montrait dans le voisinage, ils l’assaillaient par centaines ; et surtout quand un buzard venait pour leur voler leurs œufs, ils le chargeaient à coups de griffes sur le derrière, et ne le quittaient que lorsqu’ils l’avaient mis en pleine retraite. Ils avaient déposé leurs œufs à nu sur le sable ; et comme la veille, on leur en avait enlevé un certain nombre, nous remarquâmes, le lendemain matin, qu’ils en avaient pondu de nouveaux. Jugez, lecteur, quel vacarme ce devait être, lorsque tous, planant sur nos têtes, ils poussaient leurs étourdissantes clameurs, et semblaient, dans leur angoisse, supplier nos cruels marins de les laisser donner en paix des soins à leurs petits, ou se poser sur leurs œufs proprement arrangés en rond, pour les défendre du froid et de la pluie. »

Le nid de l’Écumeur est tout simplement un trou peu profond qu’il creuse dans le sable. Les œufs, à ce que je puis croire, sont toujours au nombre de trois, et ont 1 pouce 3/4 de long sur 1 pouce 3/8 de large. Leur couleur rappelle celle des oiseaux eux-mêmes, c’est-à-dire que, sur un fond d’un blanc pur, ils présentent de larges taches noires ou terre d’ombre foncée, entremêlées d’autres taches plus rares et non moins larges, d’une légère teinte pourpre. Ils sont bons à manger, comme ceux de la plupart des goëlands ; mais sans avoir la qualité des œufs de pluvier et autres oiseaux de