Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/464

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reconnus que l’étrange apparence de l’air, devant nous, était en effet causée par des multitudes innombrables de ces oiseaux dont le corps blanc et les ailes à pointes noires produisaient, à l’horizon, une teinte sombre parsemée de taches d’un blanc grisâtre. Lorsque nous n’en fûmes plus qu’à un demi-mille, nous jouîmes d’un spectacle magnifique : cet immense voile de Fous flottants, tantôt se perdait dans les nuages, comme près d’atteindre le ciel, tantôt se précipitait en bas vers des masses d’autres camarades posés sur le sommet de l’île, puis se déployant de droite et de gauche, ondulait à la surface de l’Océan. Le Ripley ferla une partie de ses voiles et jeta l’ancre. Ce fut maintenant, à bord, à qui escaladerait le premier les flancs abrupts de la montagne, et satisferait son ardente curiosité. Mais jugez de notre désappointement : le temps qui jusque-là avait été beau, changea tout à coup, et nous fûmes assaillis par une horrible tempête. Néanmoins, nous parvînmes à mettre à la mer le bateau baleinier dans lequel se placèrent quatre robustes rameurs en compagnie de Thomas Lincoln et de mon fils. Pour moi, je restai sur le Ripley, et commençai de loin mes observations dont j’indiquerai le résultat en son lieu.

Une heure s’est écoulée ; le bateau que nous avions perdu de vue, vient de reparaître ; mais la houle bat ses flancs, et autour de lui, tout a l’aspect menaçant. Comme il manœuvre avec effort sous les coups furieux de l’ouragan, dominé qu’il est par les flots toujours prêts à l’engloutir ! Vous jugez quelle doit être mon anxiété : entouré de mes amis et des gens de l’équipage, je suis,