Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/474

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ont l’estomac ou le gosier plein. Par moments, lorsqu’on les a frappés aux ailes, ils se laissent aller en flottant, et on peut même les prendre avec la main, sans qu’ils fassent le moindre effort pour s’échapper. Il y a plus : un jour, mon jeune ami George Shattuck, étant avec moi au Labrador, en prit un qui se promenait au milieu d’une troupe de guillemots, sur une île basse et rocailleuse.

Lorsqu’ils vont pour s’envoler de dessus les rochers où sont leurs nids, ils lèvent la tête, la rejettent en arrière, ouvrent le bec et poussent un cri fort et prolongé avant de se lancer dans les airs, ce qu’ils font en s’essayant d’abord par quelques pas mal assurés et en s’aidant de leurs ailes, qu’ils étendent en partie. Leur premier mouvement les reporte en bas ; mais bientôt leur vol se raffermit, se redresse, et ils semblent se soutenir en l’air avec la plus grande facilité. Une fois à la hauteur de vingt ou trente mètres, vous les voyez secouer la queue, dont les sous-couvertures cachent leurs pieds ; ou bien les pieds s’étendent et s’ouvrent tout à coup, comme pour saisir quelque objet au-dessous d’eux ; mais cela ne dure qu’un instant, et de nouveau, grâce à la manœuvre que je viens de décrire, la queue s’agite et les pieds disparaissent sous les plumes. Ils battent des ailes et planent alternativement, même alors qu’ils se bornent à voler autour de leurs nids.

Sur le sol, les mouvements du Fou sont très gauches et des plus disgracieux ; on dirait qu’il est empêtré ; encore est-il obligé de s’y soutenir avec ses ailes, qu’il porte à moitié ouvertes pour s’empêcher de tomber. Sa