de morceaux convenablement macérés et qu’elle lui dégorge dans son bec. Ils sont, il est vrai, si bien préparés, qu’on n’a pas d’exemple d’un jeune Fou qui, même à cet âge, ait souffert de dyspepsie ou d’indigestion.
Le mâle couve aussi par intervalles, mais moins assidûment que la femelle ; et celui des deux qui reste libre entretient l’autre de nourriture. L’apparence du jeune Fou, au sortir de l’œuf, est assez déplaisante : il est alors tout à fait nu et d’un noir sombre et bleuâtre, comme le petit du cormoran ; son abdomen est démesurément gros, son cou maigre et sa tête large ; ses yeux semblent ne point voir encore, et il n’a les ailes que très peu développées. Quand on le regarde trois semaines après, on trouve qu’il a pris un accroissement considérable et presque entièrement changé de couleur : car alors, à l’exception de certaines parties du cou, des cuisses et du ventre, il est recouvert d’un duvet moelleux épais et jaunâtre. En cet état, il est peut-être aussi désagréable à voir qu’auparavant ; mais il gagne si rapidement, qu’au bout de trois nouvelles semaines, du milieu de son enveloppe duveteuse, commencent à paraître des plumes qui l’émaillent de la façon la plus pittoresque. En regardant autour de vous, vous remarquez que tous les jeunes ne sont pas de la même taille : c’est que tous les Fous n’ont pas pondu le même jour, et probablement chaque petit n’est pas également approvisionné de nourriture. À cette époque, la grande aire ou plate-forme a l’aspect d’une propriété dont toutes les parties seraient devenues communes ; les nids, au-