Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/492

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sonnes, qu’il marche dans l’eau ou au fond de l’eau, elle n’est basée ni sur l’observation, ni sur la nature même des choses. Le Plongeur, en effet, n’est nullement un oiseau marcheur ; même sur le sol, je n’en ai jamais vu faire plus de deux ou trois pas, et encore n’était-ce qu’une sorte de sautillement. Ses jambes courtes, ses ongles recourbés sont peu propres à la course, mais admirablement calculés, pour lui permettre de fixer un pied solide sur les cailloux glissants, soit en dessus, soit en dessous de la surface de l’eau. De même que le roi-pêcheur, il restera quelquefois longtemps perché sur une pierre ; mais, sous d’autres rapports, les mœurs de ces deux oiseaux sont tout à fait différentes.

» La première fois que j’eus l’occasion de bien observer le Cincle, pendant qu’il chemine ainsi sous l’eau, ce fut en 1819, sur les montagnes Braemar[1]. Du bord de la rivière qui passe près de Castle-Town, j’en pus voir un qui se livrait à ses exercices dans le courant, très rapide en cet endroit. En septembre 1832, j’en guettai quelque temps un autre sur la Tweed : il s’était envolé de la rive pour se poser au milieu de l’eau, où sur-le-champ il plongea. Le courant était également très rapide ; il se montra d’abord un peu plus haut, flotta pendant quelques secondes, plongea encore, reparut, s’enfuit vers la rive opposée, et en l’atteignant s’enfonça de nouveau, revint à la surface, et continua de cette manière ses capricieuses évolutions. Quand il est

  1. Comté d’Aberdeen.