Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/6

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coqueter presque tout le jour, jusqu’à ce qu’enfin chacun parût satisfait de l’objet de son choix. Après cela, en effet, s’ils continuaient encore à vivre ensemble, on pouvait du moins parfaitement reconnaître qu’ils avaient bien soin de se tenir par couples. J’ai pu noter aussi que, plus les oiseaux sont vieux, plus ils abrégent les préliminaires de leurs amours ; et que les sujets stériles restent complétement indifférents aux démonstrations de tendresse et d’attachement réciproques que leurs camarades se prodiguent autour d’eux. Les célibataires et les vieilles femelles, par dépit peut-être ou parce que tout ce tumulte les ennuie, se retirent tranquillement à l’écart pour se reposer sur l’herbe ou sur le sable, à quelque distance des autres ; et soit que la troupe prenne son vol, soit qu’elle se précipite à l’eau, ils restent, comme des délaissés, toujours en arrière. Cette manière de se préparer à la saison des œufs m’a paru d’autant plus remarquable, qu’à peine arrivés au lieu qu’ils ont choisi pour l’été, les oiseaux d’une même compagnie se séparent par couples, qui font leurs nids et élèvent leur famille à de grandes distances les uns des autres.

C’est un spectacle extrêmement curieux de les voir, à chacune de leurs stations, se faire la cour. Je vous assure, lecteur, que si le mâle ne se pavane pas devant sa femelle, avec toute la pompe que déploie le coq d’Inde, et ne se pique pas de cette délicatesse et de cette grâce qui distinguent les amours de la tourterelle, ses démonstrations, pour cela, n’en plaisent pas moins à sa bien-aimée. Je m’en représente un main-