Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/77

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étang et même d’un marais à l’autre, et ne dévie à droite ou à gauche, que lorsqu’il appréhende quelque piège. Quand il est pour se poser, il plane un moment en décrivant des cercles, et descend peu à peu vers la place qu’il a choisie. À mesure qu’il en approche, il étend de nouveau ses jambes et tient ses ailes toutes grandes ouvertes, jusqu’à ce qu’enfin il ait pris pied. Cette même manœuvre est répétée lorsqu’il veut s’abattre sur les arbres, où cependant il ne paraît pas si bien à l’aise que sur le sol. S’il est tout à coup surpris par quelque ennemi, il pousse plusieurs cris forts et discordants, qui cessent au moment où il s’envole.

Ces oiseaux mettent trois ans et plus à acquérir leur entier développement. À la sortie de l’œuf, ils semblent tout gauches et mal faits, et ne sont, en quelque sorte, que bec et jambes. Au bout d’une semaine, la tête et le cou se garnissent d’un duvet soyeux d’une couleur gris-sombre, et le corps commence à montrer de jeunes plumes, avec de larges tuyaux entourés d’une membrane mince et bleuâtre. À ce moment, les jointures tibio-tarsiennes paraissent d’une grosseur monstrueuse, et les os des jambes sont si mous, qu’on peut les courber et les ployer sans qu’ils se brisent. À quatre semaines, le corps et les ailes se couvrent de plumes d’une nuance ardoise foncée, avec une large bordure rouille de fer qui domine principalement sur les cuisses et l’articulation de l’aile. Le bec aussi s’est prodigieusement allongé, les jambes sont devenues plus solides, et l’oiseau peut se tenir droit sur son nid ou aux environs. Alors, ils ne reçoivent plus guère la nourriture qu’une fois par